Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 6.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Antoinette avait seize ans. Olivier allait faire sa première communion. Il s’engourdissait dans le bourdonnement de ses rêves mystiques. Antoinette écoutait chanter le voluptueux ramage de l’espérance enivrée, qui, comme le rossignol en avril, remplit les cœurs printaniers. Elle jouissait de sentir son corps et son âme fleurir, de se savoir jolie, et de se l’entendre dire. Les éloges de son père, ses paroles imprudentes eussent suffi à lui tourner la tête.

Il était en extase devant elle ; il s’amusait de sa coquetterie, de ses œillades langoureuses devant son miroir, de ses roueries innocentes et malignes. Il la prenait sur ses

— 41 —