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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

mysticisme. Il lui semblait parfois ne plus exister. Crédule et tendre, il avait besoin d’un appui ; il goûtait dans la confession une jouissance douloureuse, le bienfait de se confier à l’invisible Ami, dont les bras vous sont toujours ouverts, à qui on peut tout dire, qui comprend et qui excuse tout ; il savourait la douceur de ce bain d’humilité et d’amour, d’où l’âme sort toute pure, lavée et reposée. Il lui était si naturel de croire, qu’il ne comprenait pas comment on pouvait douter ; il pensait qu’on y mettait de la méchanceté, ou que Dieu vous punissait. Il faisait des prières en cachette pour que son père fût touché de la grâce ; et il eut une grande joie, un jour que, visitant avec lui une église de campagne, il le vit faire machinalement un signe de croix. Les récits de l’Histoire Sainte s’étaient mêlés en lui aux merveilleuses histoires de Rübezahl, de Gracieuse et Percinet, et du calife Haroun-al-Raschid. Quand il était petit, il