Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 6.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

25
ANTOINETTE

de force. Alors, il ne bougeait plus, couché sur le dos, comme un hanneton, ses bras maigres cloués sur le gazon par les robustes menottes d’Antoinette ; et il prenait un air lamentable et résigné. Antoinette n’y résistait pas : elle le regardait vaincu et soumis ; elle éclatait de rire, l’embrassait brusquement, et elle le laissait, — non sans lui avoir encore, en guise d’adieu, enfoncé un petit tapon d’herbe fraîche dans la bouche : ce qu’il détestait par-dessus tout, parce qu’il était extrêmement dégoûté. Et il crachait, il s’essuyait la bouche, il protestait avec indignation, tandis qu’elle se sauvait à toutes jambes, en riant.

Elle riait toujours. La nuit, dans son sommeil, elle riait encore. Olivier, couché dans la chambre voisine, et qui ne dormait point, sursautait au milieu des histoires qu’il se contait, en entendant ces fous rires et les paroles entrecoupées qu’elle disait dans le silence de la nuit. Dehors, les