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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

poignée d’aiguilles de pin, ou de secouer son arbre, en menaçant de le faire tomber, ou de lui faire peur, en se lançant sur lui et criant brusquement :

— Hou ! Hou !…

Elle était prise parfois d’une fureur de le taquiner. Elle le faisait descendre de son arbre, en prétendant que sa mère l’appelait. Puis, quand il était descendu, elle montait à sa place, et n’en voulait plus bouger. Alors Olivier geignait, et menaçait de se plaindre. Mais il n’y avait pas de danger qu’Antoinette s’éternisât sur l’arbre : elle ne pouvait rester deux minutes en repos. Quand elle s’était bien moquée d’Olivier, du haut de sa branche, quand elle l’avait fait enrager tout à son aise, et qu’il était près de pleurer, elle dégringolait en bas, se jetait sur lui, le secouait en riant, l’appelait « petit serin », et le roulait par terre, en lui frottant le nez avec des poignées d’herbe. Il essayait bien de lutter ; mais il n’était pas