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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

flambeaux enveloppés ; les vieux portraits de famille, au sourire obsédant ; les gravures Empire, d’un héroïsme vertueux et polisson : Alcibiade et Socrate chez la courtisane, Antiochus et Stratonice, l’histoire d’Épaminondas, Bélisaire mendiant… Au dehors, le bruit du maréchal ferrant dans la forge d’en face, la danse boiteuse des marteaux sur l’enclume, le halètement du soufflet poussif, l’odeur de la corne grillée, les battoirs des laveuses accroupies au bord de l’eau, les coups sourds du couperet du boucher dans la maison voisine, le pas d’un cheval sonnant sur le pavé de la rue, le grincement d’une pompe, le pont tournant sur le canal, les lourds bateaux, chargés de piles de bois, défilant lentement, halés au bout d’une corde, devant le jardin, la petite cour dallée, avec un carré de terre, où poussaient deux lilas, au milieu d’un massif de géraniums et de pétunias, les caisses de lauriers et de grenadiers en fleurs sur la terrasse au-dessus du