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ANTOINETTE

Olivier était un blondin délicat, de petite taille, comme son père, mais de nature tout autre. Sa santé avait été gravement éprouvée par des maladies continuelles pendant son enfance ; et, bien qu’il en eût été d’autant plus choyé par tous les siens, sa faiblesse physique l’avait rendu de bonne heure un petit garçon mélancolique, rêvasseur, qui avait peur de la mort, et qui était très mal armé pour la vie. Il restait seul, par sauvagerie et par goût ; il fuyait la société des autres enfants : il y était mal à l’aise ; il répugnait à leurs jeux, à leurs batailles ; leur brutalité lui faisait horreur. Il se laissait battre par eux, non par manque de courage, mais par timidité, parce qu’il avait peur de se défendre, de faire du mal : il eût été martyrisé par eux, s’il n’eût été protégé par la situation de son père. Il était tendre, et d’une sensibilité maladive : un mot, une marque de sympathie, un reproche, le faisait fondre en larmes. Sa sœur, beau-