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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

crémeux, doux comme le ciel, et sentant bon l’herbe et les fleurs des champs.

Ils montèrent dans les wagons suisses, dont la disposition, nouvelle pour eux, leur causa un plaisir enfantin. Mais comme Antoinette était lasse ! Elle ne s’expliquait pas ce malaise qui la tenait. Pourquoi voyait-elle que tout cela, autour d’elle, était si joli, si intéressant, et y trouvait-elle au fond si peu de plaisir ? N’était-ce pas tout ce qu’elle rêvait depuis des années : un beau voyage, son frère à côté d’elle, les soucis d’avenir écartés, la chère nature ?… Qu’avait-elle donc ? Elle se le reprochait, et elle s’obligeait à admirer, à partager la joie naïve de son frère.

Ils s’arrêtèrent à Thun. Ils devaient en repartir, le lendemain, pour la montagne. Mais, la nuit à l’hôtel, Antoinette fut prise d’une grosse fièvre, avec des vomissements et des douleurs de tête. Olivier s’affola aussitôt, et passa une nuit d’inquié-