Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 6.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

198
JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

reuse de penser qu’elle allait revoir enfin la campagne, dont elle languissait.

Les préparatifs de voyage furent une grande affaire, mais un plaisir de tous les instants. Le mois d’août était déjà assez avancé, quand ils partirent. Ils étaient peu habitués à voyager. Olivier n’en dormit pas, la nuit d’avant. Et il ne dormit pas non plus, la nuit en wagon. Toute la journée, il avait craint de manquer le train. Ils s’étaient pressés fiévreusement, ils avaient été bousculés dans la gare, ils étaient empilés dans un compartiment de seconde, où ils ne pouvaient même pas s’accouder pour dormir : — (c’est là un de ces privilèges, dont les Compagnies françaises, si éminemment démocratiques, s’évertuent à priver les voyageurs qui ne sont pas riches, afin que les voyageurs qui sont riches aient le plaisir de penser qu’ils sont seuls à en jouir.) — Olivier ne ferma pas l’œil un instant : il n’était pas encore tout à fait sûr qu’il était