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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

L’obsession de l’examen les reprit, aussitôt qu’ils furent réhabitués à la douceur d’être ensemble. Ils évitaient de s’en parler ; mais ils avaient beau faire : ils y revenaient toujours. L’idée fixe les poursuivait partout, même quand ils essayaient de se distraire : au concert, elle surgissait brusquement, au milieu d’un morceau ; la nuit, quand ils s’éveillaient, elle s’ouvrait en eux, comme un gouffre. À l’ardent désir de soulager sa sœur et de répondre au sacrifice qu’elle lui avait fait de sa jeunesse, s’ajoutait chez Olivier la terreur du service militaire, qu’il ne pourrait éviter, s’il était refusé : — (c’était au temps, où l’admission aux grandes Écoles servait encore de dispense.) — Il éprouvait un dégoût invincible pour la promiscuité physique et morale, pour la sorte de dégradation intellectuelle, qu’il voyait, à tort ou à raison, dans la vie de caserne. Tout ce qu’il y avait en lui d’aristocratique et de virginal se révoltait