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ANTOINETTE

nul monument, nul souvenir. Rien n’est fait pour attirer. Tout est fait pour retenir. Il y a dans cette torpeur et cet engourdissement une force secrète. L’esprit qui les goûte pour la première fois en souffre et se révolte. Mais celui qui, depuis des générations, en a subi l’empreinte, ne saurait plus s’en déprendre ; il en est pénétré jusqu’aux moelles ; et cette immobilité des choses, cet ennui harmonieux, cette monotonie, a pour lui un charme, une douceur, dont il ne se rend pas compte, qu’il dénigre, qu’il aime, qu’il ne saurait oublier.