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ANTOINETTE

temps ordinaire, il n’arriva même pas à écrire deux pages en six heures. Pendant les premières heures, il avait un vide dans le cerveau, il ne pensait rien, rien. C’était comme un mur noir, contre lequel il venait se briser. Puis, une heure avant la fin de la composition, le mur se fendit, et quelques rayons de lumière jaillirent à travers les fentes. Alors, il écrivit quelques lignes excellentes, mais insuffisantes à le faire classer. À l’accablement où il était au sortir de cette épreuve, Antoinette prévit l’échec inévitable, et elle en fut aussi accablée que lui ; mais elle ne le montra pas. Elle avait d’ailleurs, même dans les situations le plus désespérées, un pouvoir d’espérance inlassable.

Olivier fut refusé.

Il était atterré. Antoinette feignait de sourire, comme si ce n’était rien de grave ; mais ses lèvres tremblaient. Elle consola son frère, elle lui dit que c’était une malechance facilement réparable, qu’il serait