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ANTOINETTE


Les Jeannin étaient une de ces vieilles familles françaises, qui, depuis des siècles, restent fixées au même coin de province, et pures de tout alliage étranger. Il y en a encore plus qu’on ne croit en France, en dépit de tous les changements survenus dans la société ; il faut un bouleversement bien fort pour les arracher au sol où elles tiennent par tant de liens profonds, qu’elles ignorent elle-mêmes. La raison n’est pour rien dans leur attachement, et l’intérêt pour peu ; quant au sentimentalisme érudit des souvenirs historiques, il ne compte que pour quelques littérateurs. Ce qui lie d’une étreinte invincible, c’est l’obscure et puissante sensation, commune aux plus gros-

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