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Ainsi, leur vie fut bâtie sur une foi brûlante, faite de stoïcisme, de religion, et de noble ambition. Tout l’être des deux enfants fut tendu vers ce but unique : le succès d’Olivier. Antoinette accepta toutes les tâches, toutes les humiliations : elle fut institutrice dans des maisons, où on la traitait presque en domestique ; elle devait escorter ses élèves en promenade, comme une bonne, trotter pendant des heures avec elles, dans les rues, sous prétexte de leur apprendre l’allemand. Son amour pour son frère, son orgueil même, trouvaient à ces souffrances morales et à ces fatigues une jouissance.

Elle rentrait harassée, pour s’occuper

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