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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

— Comment vivre ? Nous ne pourrons jamais…

— Nous pourrons. De quoi s’agit-il ? De vivre jusqu’à ce que tu puisses gagner ta vie. Je m’en charge. Tu verras, je saurai. Ah ! si maman m’avait laissé faire, j’aurais pu déjà…

— Que vas-tu faire ? Je ne veux pas que tu fasses des choses humiliantes. Tu ne pourrais pas, d’ailleurs.

— Je pourrai… Et il n’y a rien d’humiliant, — pourvu que ce soit honnête, — à gagner sa vie en travaillant. Ne t’inquiète pas, je t’en prie. Tu verras, tout s’arrangera, tu seras heureux, nous serons heureux, mon cher Olivier, elle sera heureuse par nous…

Les deux enfants suivirent seuls le cercueil de leur mère. D’un commun accord, ils avaient décidé de ne rien dire aux Poyet : les Poyet n’existaient plus pour eux, ils avaient été trop cruels pour leur mère, ils