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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

avoir perdu possession de tous ses dons. Au lycée où on le mit, et où il avait réussi à obtenir une bourse, son classement fut si désastreux dans les premiers temps qu’on lui enleva sa bourse. Il se crut tout à fait stupide. En même temps, il avait l’horreur de Paris, de ce grouillement d’êtres, de l’immoralité dégoûtante de ses camarades, de leurs conversations ignobles, de la bestialité de quelques-uns d’entre eux, qui ne lui épargnaient pas d’abominables propositions. Il n’avait même pas la force de leur dire son mépris. Il se sentait avili par la seule pensée de leur avilissement. Il se réfugiait avec sa mère et sa sœur dans les prières passionnées qu’ils faisaient ensemble, chaque soir, après chaque journée nouvelle de déceptions et d’humiliations intimes, qui semblaient une souillure à ces cœurs innocents, et qu’ils n’osaient même pas se raconter. Mais, au contact de l’esprit d’athéisme latent, qu’on respire à Paris, la