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Christophe passait par cette crise de robuste dégoût. Son instinct le poussait à éliminer de son être tous les éléments indigestes qui l’encombraient.

Avant tout, cette écœurante sensibilité, qui dégouttait de l’âme allemande comme d’un souterrain humide et sentant le moisi. De la lumière ! De la lumière ! Un air rude et sec, qui balayât les miasmes du marais, les fades relents de ces Lieder, de ces Liedchen, de ces Liedlein, aussi nombreux que les gouttes de pluie, où se déverse intarissablement le Gemüt germanique : ces innombrables Sehnsucht (Désir), Heimweh (Nostalgie), Aufschwung (Essor), Frage (Demande), Warum ? (Pourquoi ?), an den Mond (À la lune), an die Sterne (Aux étoiles), an die Nachtigall (Au rossignol), an den Frühling (Au printemps), an den Sonnenschein (À la clarté du soleil) ; ces Frühlingslied (Chant du printemps), Frühlingslust (Plaisir du printemps), Frühlingsgruss (Salut du printemps), Frühlingsfahrt (Voyage de printemps), Frühlingsnacht (Nuit de printemps), Frühlingsbotschaft (Message de printemps) ; ces Stimme der Leibe (Voix de l’amour), Sprache der Liebe (Parole de l’amour), Trauer der Liebe (Tristesse de l’amour), Geist der Liebe (Esprit de l’amour), Fülle der Liebe (Plénitude de l’amour) ; ces Blumenlied (Chant des fleurs), Blumenbrief (Lettre des fleurs), Blumengruss (Salut des fleurs) ; ces Herzeleid (Peine de cœur), mein Herz ist schwer (Mon cœur est lourd), mein Herz ist betrübt (Mon cœur est trouble), mein Aug ist trüb (Mon œil est trouble) ; ces dialogues candides et

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