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Le portier de la gare appelait les voyageurs pour Paris. Le train pesant arrivait avec fracas. Christophe essuya ses larmes, se leva, et se dit :

— Il le faut.

Il regarda le ciel, du côté où devait se trouver Paris. Le ciel, sombre partout, était plus sombre là. C’était comme un gouffre d’ombre. Christophe eut le cœur serré ; mais il se répéta :

— Il le faut.

Il monta dans le train, et, penché à la fenêtre, il continuait de regarder l’horizon menaçant :

— Ô Paris ! pensait-il, Paris ! Viens à mon secours ! Sauve-moi ! Sauve mes pensées !

L’obscur brouillard s’épaississait. Derrière Christophe, au-dessus du pays qu’il quittait, un petit coin de ciel, bleu pâle, large comme deux yeux, — comme les yeux de Sabine. — sourit tristement au milieu des voiles lourds des nuées, et s’éteignit. Le train partit. La pluie tomba. La nuit tomba.