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la révolte

contre l’oppression de la vile matière et du milieu étouffant !

Et au milieu de tout cela, elle avait des élans de tendresse touchante, — comme avec un petit enfant, — qui lui prenaient le cœur, et auxquels il s’abandonnait, — comme un petit enfant.

Le pire était de vivre, du matin au soir, comme ils faisaient, ensemble, toujours ensemble, isolés du reste des gens. Lorsqu’on souffre, étant deux, et qu’on ne peut remédier à la souffrance l’un de l’autre, il est fatal qu’on l’exaspère : chacun finit par rendre l’autre responsable de ce qu’il souffre ; et chacun finit par le croire. Mieux vaudrait être seul : on est seul à souffrir.

C’était une torture de chaque jour pour tous deux. Ils n’en seraient jamais sortis, si le hasard n’était venu, comme il arrive souvent, trancher, d’une façon malheureuse en apparence, — heureuse au fond, — l’indécision cruelle, où ils se débattaient.