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Jean-Christophe

Elle rougit, et dit, avec un accent étranger :

— Non, monsieur.

— J’ai une loge, dont je ne sais que faire. Voulez-vous en profiter avec moi ?

Elle rougit plus fort, et remercia, en s’excusant de ne pouvoir accepter. Christophe, gêné par son refus, s’excusa de son côté, et essaya d’insister ; mais il ne réussit pas à la persuader, bien qu’il fût évident qu’elle en mourait d’envie. Il était très perplexe. Il se décida brusquement.

— Écoutez, il y a un moyen de tout arranger, dit-il : prenez le billet. Moi, je n’y tiens pas, j’ai déjà vu cela. — (Il se vantait.) — Cela vous fera plus plaisir qu’à moi. Prenez, c’est de bon cœur.

La jeune fille fut si touchée de l’offre, et de la façon cordiale dont elle était faite, que les larmes lui en montèrent presque aux yeux. Elle balbutia, avec reconnaissance, que jamais elle ne voudrait l’en priver.

— Eh bien, alors, venez, dit-il, en souriant.

Il avait l’air si bon et si franc, qu’elle se sentit honteuse de lui avoir refusé ; et elle dit, un peu confuse :

— Je viens… Merci.