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l’adolescent

dans le bois, des premiers jours, des premières nuits passées ensemble, ces sommeils, dans les bras l’un de l’autre, immobiles, sans pensée, noyés dans un torrent d’amour et de joie silencieuse. De brusques évocations, des images, des pensées sourdes, dont le frôlement les faisait secrètement pâlir et fondre de volupté, les entouraient comme d’un bourdonnement d’abeilles. Lumière brûlante et tendre… Le cœur défaille et se tait, accablé par une douceur trop grande. Silence, langueur de fièvre, sourire mystérieux et las de la terre qui frissonne aux premiers soleils du printemps… Un frais amour de deux corps juvéniles est un matin d’avril. Il passe comme avril. La jeunesse du cœur est un déjeuner de soleil.