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Jean-Christophe

tressaillirent. Christophe se releva d’un bond, et repassa la barrière. Sabine ramassa les épluchures dans sa robe, et regagna la maison. De la cour, il se retourna. Elle était sur le seuil. Ils se regardèrent. Des gouttelettes de pluie commençaient à faire sonner les feuilles des arbres… Elle referma sa porte. Madame Vogel et Rosa rentraient… Il remonta chez lui…

Comme le jour jaunâtre s’éteignait, noyé dans des torrents de pluie, il se leva de sa table, mû par une impulsion irrésistible ; il courut à sa fenêtre fermée, et il tendit les bras vers la fenêtre d’en face. Au même moment, à la fenêtre d’en face, derrière les vitres closes, dans la demi-ombre de la chambre, il vit — il crut voir — Sabine qui lui tendait les bras.

Il se précipita hors de chez lui. Il descendit l’escalier. Il courut à la barrière du jardin. Au risque d’être vu, il allait la franchir. Mais, comme il regardait la fenêtre où elle lui était apparue, il vit que tous les volets étaient fermés. La maison semblait endormie. Il hésita à continuer. Le vieux Euler, qui allait à sa cave, l’aperçut et l’appela. Il revint sur ses pas. Il crut avoir rêvé.