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l’adolescent

journée était déjà finie… Et il fallait bien pourtant avoir aussi un peu de temps pour ne rien faire !…

— Et vous ne vous ennuyez pas ?

— Jamais.

— Même quand vous ne faites rien ?

— Surtout quand je ne fais rien. C’est bien plutôt de faire quelque chose, qui m’ennuie.

Ils se regardèrent en riant.

— Que vous êtes heureuse ! dit Christophe. Moi, je ne sais pas ne rien faire.

— Il me semble que vous savez très bien.

— J’apprends depuis quelques jours.

— Eh bien, vous arriverez.

Il avait le cœur paisible et reposé, quand il venait de causer avec elle. Il lui suffisait de la voir. Il se détendait de ses inquiétudes, de ses irritations, de cette angoisse nerveuse qui lui contractait le cœur. Nul trouble quand il lui parlait. Nul trouble quand il songeait à elle. Il n’osait se l’avouer ; mais, dès qu’il était près d’elle, il se sentait pénétré par une torpeur délicieuse, il s’assoupissait presque. Les nuits, il dormait comme il n’avait jamais dormi.