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La date du retour était passée. Depuis une semaine déjà, elles auraient dû être là. À la prostration de Christophe avait succédé une agitation fébrile. Minna lui avait promis, en partant, de l’avertir du jour et de l’heure de l’arrivée. Il attendait de moment en moment, pour aller au devant d’elles ; et il se perdait en conjectures pour expliquer ce retard.

Un soir, un voisin de la maison, un ami de grand-père, le tapissier Fischer, était venu fumer sa pipe et bavarder avec Melchior, comme il faisait souvent, après dîner. Christophe, qui se rongeait, allait remonter dans sa chambre, après avoir en vain guetté le passage du facteur, quand un mot le fit tressaillir. Fischer disait que le lendemain matin, de bonne heure, il devait aller chez les de Kerich, pour poser des rideaux. Christophe, saisi, demanda :

— Elles sont donc revenues ?

— Farceur ! tu le sais aussi bien que moi, dit le vieux Fischer, goguenard. Il y a beau temps ! Elles sont rentrées avant-hier.

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