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La première fois que les deux enfants se retrouvèrent ensemble, Christophe fut surpris de l’amabilité de Minna. Elle lui dit bonjour, et lui demanda comment il allait, d’une voix très douce ; elle s’assit au piano, avec un air sage et modeste ; et elle fut un ange de docilité. Elle n’eut plus aucune de ses fantaisies de malicieuse écolière ; mais elle écoutait religieusement les observations de Christophe, reconnaissait leur justesse, poussait elle-même de petits cris effarouchés, quand elle avait fait une faute, et s’appliquait à se corriger. Christophe n’y comprenait rien. En très peu de temps, elle fit des progrès étonnants. Non seulement elle jouait mieux, mais elle aimait la musique. Si peu flatteur qu’il fût, il dut lui en faire compliment. Elle rougit de contentement, et l’en remercia d’un regard humide de reconnaissance. Elle se mettait en frais de toilette pour lui ; elle avait des rubans d’une nuance

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