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LA FIN DU VOYAGE

ne regarde donc pas, si tu ne te sens pas la tête assez solide. Rien ne t’y force, après tout. Va de l’avant, mon petit. Mais pour cela, qu’as-tu besoin d’un maître qui te marque à l’épaule, comme un bétail ? Quel mot d’ordre attends-tu ? Il y a longtemps que, le signal est donné. Le boute-selle a sonné la cavalerie est en marche. Ne t’occupe que de ton cheval. À ton rang ! Et galope !

— Mais où vais-je ? dit Georges.

— Où va ton escadron, à la conquête du monde. Emparez-vous de l’air, soumettez les éléments, enfoncez les derniers retranchements de la nature, faites reculer l’espace, faites reculer la mort…


« Expertus vacuum Daedalus aera… »


… Champion du latin, connais-tu cela, dis-moi ? Es-tu seulement capable de m’expliquer ce que cela veut dire ?


« Perrupit Acheronta… »


… Voilà votre lot à vous. Heureux conquistadores !

Il montrait si clairement le devoir d’action héroïque, échu à la génération nouvelle, que Georges, étonné, disait :