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LA FIN DU VOYAGE

pas à être d’une grande utilité, comme j’ai des raisons de le craindre, ce séjour me sera peut-être utile à moi-même. Et je me consolerai en pensant que vous l’avez voulu. Et puis,… (je ne veux pas mentir)… je commence à y trouver du plaisir. Adieu, tyran. Vous triomphez. J’en arrive, non seulement à faire ce que vous voulez que je fasse, mais à l’aimer.

« Christophe. »

Ainsi, il resta, en partie pour lui plaire, mais aussi parce que sa curiosité d’artiste, réveillée, se laissait reprendre au spectacle de l’art renouvelé. Tout ce qu’il voyait et faisait, il l’offrait en pensée à Grazia ; il le lui écrivait. Il savait bien qu’il se faisait illusion sur l’intérêt qu’elle y pouvait trouver ; il la soupçonnait d’un peu d’indifférence. Mais il lui était reconnaissant de ne pas trop la lui montrer.

Elle lui répondait régulièrement, une fois par quinzaine. Des lettres affectueuses et mesurées, comme l’étaient ses gestes. En lui contant sa vie, elle ne se départait pas d’une