Il se tut un instant, méditant s’il ne conviendrait pas de développer cette pensée ; mais il ne trouva rien de plus à dire ; et, après un silence, il reprit d’un ton irrité :
— Comment se fait-il que ton mari ne soit pas ici ?
— Je crois qu’il est au théâtre, dit timidement Louisa. Il a répétition.
— Le théâtre est fermé. Je viens de passer devant. C’est encore un de ses mensonges.
— Non, ne l’accusez pas toujours ! J’aurai mal compris. Il doit être retenu par une de ses leçons.
— Il devrait être rentré, fit le vieux, mécontent. Il hésita un instant, puis demanda d’un ton plus bas, un peu honteux :
— Est-ce qu’il a… de nouveau ?…
— Non, père, non, père, dit précipitamment Louisa.
Le vieux la regarda ; elle évita son regard :
— Ce n’est pas vrai, tu mens.
Elle pleura silencieusement.
— Bon Dieu ! cria le vieillard, en donnant un coup de pied au foyer. Le tisonnier tomba bruyamment. La mère et l’enfant tressaillirent.
— Père, je vous en prie, dit Louisa, il va pleurer.
L’enfant hésita quelques secondes s’il devait crier ou continuer son repas ; mais ne pouvant faire l’un et l’autre à la fois, il se remit au dernier.