L’enfant insistait avec sa logique habituelle :
— Mais, oncle, cela a été fait pourtant une fois…
Gottfried secouait la tête avec obstination :
— Cela a toujours été.
L’enfant revenait à la charge :
— Mais, oncle, est-ce qu’on ne peut pas en faire d’autres, de nouvelles ?
— Pourquoi en faire ? Il y en a pour tout. Il y en a pour quand tu es triste, et pour quand tu es gai ; pour quand tu es fatigué, et que tu penses à la maison qui est loin ; pour quand tu te méprises, parce que tu as été un vil pécheur, un ver de terre ; pour quand tu as envie de pleurer, parce que les gens n’ont pas été bons avec toi ; et pour quand tu as le cœur joyeux, parce qu’il fait beau, et que tu vois le ciel de Dieu, qui, lui, est toujours bon, et qui a l’air de te rire… Il y en a pour tout, pour tout. Pourquoi est-ce que j’en ferais ?
— Pour être un grand homme ! dit le petit, tout plein des leçons de son grand-père et de ses rêves naïfs.
Gottfried eut un petit rire doux. Christophe, un peu vexé, demanda :
— Pourquoi ris-tu ?
Gottfried dit :
— Oh ! moi, je ne suis rien.
Et caressant la tête de l’enfant, il demanda :