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n’ont pas pu stare… » Mais c’est moi qui serais proprement expulsé !… « Ibi cecidit Chamaille Baptiste, dit Dulcis, curé. » … Non, non, non, grand merci ! Je ne suis pas pressé. On se lasse, à la fin, des meilleures plaisanteries. Est-ce à moi, s’il vous plaît, d’écheniller leurs champs ? Si les hannetons les gênent, qu’ils se déshannetonnent eux-mêmes, ces feignants ! Aide-toi, et le Ciel t’aidera. Ce serait trop commode de se croiser les bras et de dire au curé : « fais ceci, fais cela ! » Je ferai ce qu’il plaît à Dieu, et moi : je bois. Je bois. Faites de même… Quant à eux, qu’ils m’assiègent, s’ils veulent ! Je n’en ai cure, compagnons, et je jure qu’ils lèveront plutôt le siège de ma maison, que je ne lèverai le mien de ce fauteuil. Buvons !

Il but, exténué par sa grande dépense de souffle et d’éloquence. Et nous, ainsi que lui, levâmes notre verre dessus notre goulet, regardant au travers le ciel et notre sort, qui nous paraissaient roses. Pendant quelques minutes, le silence régna. Seul, Paillard, qui claquait de la langue, et Chamaille, dans le gros cou de qui le vin faisait : glouglou. Il buvait d’un seul trait, Paillard, à petits coups. Chamaille, quand le flot tombait au fond du trou, faisait : « Han ! » en levant ses yeux au firmament. Paillard regardait son verre, par-dessus, par-dessous, à l’ombre et au soleil, le humait, reniflait, buvait du nez, de l’œil, autant que du palais. Pour moi, je