Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/295

Cette page n’a pas encore été corrigée

basse, jusqu’au seuil, il me suivit. Mais au moment d’ouvrir la porte, je n’y tins plus, je lui passai mon bras autour de son vieux cou, et sans parler je l’embrassai. Il me le rendit bien. Timidement, il dit :

— Colas, Colas, veux-tu ?…

Je fis :

— N’en parlons plus.

(Je suis têtu).

— Colas, reprit-il, l’air penaud, déjeune au moins.

— Pour ça, dis-je, c’est une autre affaire. Mon Paillard, déjeunons.

Nous mangeâmes comme quatre ; mais je restai de bronze et je ne revins pas sur ma décision. Je sais bien que j’en étais le premier puni. Mais il l’était aussi.

Je m’en revins à Clamecy. Il s’agissait de rebâtir mon logement, sans ouvriers et sans argent. Ce n’était pas pour m’arrêter. Ce que j’ai vissé sous mon front n’est pardieu pas dans mon talon. Je commençai par visiter soigneusement l’emplacement de l’incendie, faisant le tri de tout ce qui pouvait servir, poutres rongées, briques noircies, vieilles ferrures, les quatre murs branlants et noirs comme un bonnet de ramonat. Puis j’allai en catimini à Chevroches, dans les carrières, piocher, gratter, ronger les os de la terre, la belle pierre chaude aux yeux et saignante, où l’on voit des coulées comme de sang caillé. Et même il se pourrait que j’eusse, sur le chemin à travers la forêt, aidé quelque vieux chêne au bout de sa carrière, à trouver le repos. Peut-être ce n’était pas permis : il se peut aussi. Mais