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Et puis…

— En voilà assez, bavard. Veux-tu marcher !

Elle m’empoigna le bras, nom de d’là, quelle pince ! Il fallut bien filer.

Arrivés au logis, elle me fit voir la chambre qu’elle me destinait : dans l’arrière-boutique ; bien chaude, et sous son aile.

La bonne fille me traitait comme l’enfant à la mamelle. Le lit était tout prêt : fin duvet et draps frais. Et sur la table, dans un verre, un bouquet de bruyères. Je riais dans mon cœur, amusé et touché ; pour la remercier, je me dis :

— Brave Martine, je vais la faire enrager. Alors je déclarai tout net :

— Cela ne me convient pas.

Elle me montra, vexée, les autres chambres au rez-de-chaussée. Je ne voulus d’aucune, et j’arrêtai mon choix sur un petit réduit mansardé, sous le toit. Elle poussa les hauts cris, mais je lui dis :

— Ma belle, c’est comme tu voudras. À prendre ou à laisser. Ou je m’installe ici, ou je retourne au « coûta » .

Fallut bien qu’elle cédât. Mais tous les jours depuis, et à toute heure du jour, elle revenait à la charge :

— Tu ne peux pas rester là ; tu serais mieux en bas ; dis-moi ce qui te déplaît ; enfin, tête de bois, pourquoi ne veux-tu pas ?

Je répondais, narquois :

— Parce que je ne veux pas.

— Tu me ferais damner, criait-elle, indignée. Mais je sais bien pourquoi… Orgueilleux ! Orgueilleux !