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Quoi ! fit-elle indignée. Tu vas me résister ? Tu ne veux pas venir chez moi ?

— Je ne résiste pas, dis-je, faut bien que je vienne chez toi, puisqu’il n’y a pas moyen de faire autrement.

— Eh bien, tu es aimable ! dit-elle, voilà ton affection !

— Je t’aime bien, ma bonne fille, je réponds, je t’aime bien. Mais je t’aimerais mieux chez moi que de me voir chez un autre.

— Je suis donc un autre ! dit-elle.

— Tu en es la moitié.

— Ah ! que nenni, fit-elle. Ni la moitié, ni le quart. Je suis moi, tout entier, moi, de la tête aux pieds. Je suis sa femme : possible ! Mais il est mon mari. Et je veux ce qu’il veut, s’il veut ce que je veux. Tu peux être tranquille ; il sera enchanté que tu loges chez moi. Ah ! Ah ! il ferait beau voir qu’il ne le fût pas !

Je dis :

— Je le crois bien ! Tel M. de Nevers, quand il met garnison chez nous. J’en ai beaucoup logé. Mais je n’ai pas l’habitude d’être de ceux qu’on loge.

— Tu la prendras, dit-elle. Plus de réplique ! Marchons !

— Soit. Mais à une condition.

— Des conditions déjà ? Tu es vite habitué.

— C’est qu’on me logera, suivant ma volonté.

— Tu vas faire le tyran, je vois ? Eh bien, soit.

— C’est juré ?

— C’est juré.