Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/284

Cette page n’a pas encore été corrigée

leur bigoterie. Lequel se dévouerait des deux ? Les pauvres gars ! Ils étaient tout autant embarrassés que moi. Heureusement pour eux, Martine, la brave fille, m’aime vraiment, je crois. Elle me réclamait à tout prix… Oui, mais il y a mon gendre. Il n’a pas de raisons, je le comprends, cet homme, pour me vouloir chez lui. Alors, ils étaient tous à s’épier, à m’épier, avec des yeux fâchés. Et moi, je les fuyais ; il me semblait qu’on mettait mon vieux corps aux enchères.

Je m’étais, pour l’instant, gîté dans mon « coûta », sur la pente de Beaumont. C’était là qu’en juillet, j’avais, vieux polisson, couché avec la peste. Car le bon de l’histoire était que ces hébétés qui, par salubrité, brûlèrent ma maison saine, ont laissé la bicoque où la mort a passé. Moi qui ne la crains plus, la madame sans nez, je fus bien aise de retrouver la cabane au sol battu, où gisaient les flacons de l’agape funèbre. À parler franc, je savais que je ne pourrais jamais hiverner dans ce trou. Porte disjointe, vitre brisée, et un toit d’où s’égouttait l’eau des nuages, proprement, comme d’une claie à fromage. Mais il ne pleuvait pas aujourd’hui ; et demain, il serait assez temps de penser à demain. Je n’aime pas me tourmenter d’avenir incertain. Et puis, quand je ne peux, à mon contentement, résoudre un embarras, mon remède est de le remettre à la semaine prochaine. « À quoi sert ? » me dit-on. « Il faudra bien toujours avaler la pilule. » — « Voire, que je réponds. Qui sait si, dans huit jours, le monde sera là ? Serais-je assez vexé, la pilule avalée, si les