Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/262

Cette page n’a pas encore été corrigée

expulsé. Il était temps ! Le feu, en trombe, remontait, comme par une cheminée, le trou de l’escalier. J’entendis brasiller les corps au fond du four ; et me courbant, marchant à grandes enjambées, sans regarder sur quoi mes souliers s’enfonçaient, je revins, en traînant Gambi par ses cheveux gras. Nous sortîmes du gouffre, dont nous nous écartâmes, laissant la flamme achever l’œuvre. Et cependant, pour refouler notre émotion, à Gambi nous bourrions les côtes, cet animal qui, près de crever, avait gardé, sans les lâcher, sur son cœur, deux plats émaillés et une écuelle coloriée, qu’il avait, Dieu sait où, raflés !… Et Gambi, dégrisé, pleurant, allait jetant ses écuelles, et s’arrêtant, à tous les vents, pour pisser comme une fontaine, criant :

— Je ne veux rien garder de ce que j’ai volé !

    • *

Au point du jour, le procureur, maître Guillaume Courtignon, parut, suivi de Robinet, qui le menait, tambour battant. Trente gens d’armes le flanquaient, et un parti de paysans. Il en vint d’autres, au cours du jour, que le Maistrat nous amena. D’autres encore, le lendemain, que le bon duc nous envoya. Ils tâtèrent les cendres chaudes, dressèrent constat des dégâts, firent le compte, y ajoutèrent leurs frais de voyage et séjour, et sans plus, après s’en furent, par où ils étaient venus…

La morale de tout cela :

« Aide-toi, le roi t’aidera. »