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pierres. Je tâchai de forcer les portes de la cave ; mais des fenêtres du grenier, ils faisaient choir tuiles et poutres. Nous entrâmes pourtant, en refoulant ces gueux. Gangnot eut là deux doigts encore de la main arrachés, et le roi de Calabre eut l’œil gauche crevé. Pour moi, en repoussant la porte qui se ferma, je me trouvai coincé, comme un renard au piège, le pouce entre les gonds. Nom de d’là ! Je faillis pâmer comme une femme et rendre ce que j’avais dedans mon estomac. Heureusement, j’avisai un baril éventré. (c’était de l’eau-de-vie de marc) ; j’en arrosai mon coffre et j’y baignai mon pouce. Après quoi, je vous jure, cristi, je n’eus plus envie de tourner la prunelle. Mais je devins furieux, moi aussi. La moutarde m’était montée au nez.

Nous luttions à présent sur les marches de l’escalier. Il fallait en finir. Car ces diables cornus nous déchargeaient à la face leurs mousquets, et de si près qu’aux barbes de Saulsoy le feu prit. Gueurlu entre ses mains calleuses l’éteignit. Par chances, ces ivrognes voyaient double, en visant, sans quoi, pas un de nous n’en serait sorti vivant. Nous dûmes remonter les marches, et nous battîmes en retraite. Mais, campés à l’entrée, — j’aperçus l’incendie, sournois, qui se glissait, de l’une et de l’autre aile vers le logis du fond, où se trouvait la cave, — je fis fermer l’issue avec une barrière de pierres, de débris, montant jusqu’au nombril ; et par-dessus, braqués, bloquant le défilé, nos épieux et nos gaffes, tel le dos hérissé d’un porc-épic en boule. Et je criai :