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maître Breugnon, que diable venez-vous faire ici, avec votre peau d’ânon et tous ces harnachés, graves comme des baudets ? C’est-y que vous voulez rire, ou bien qu’on va-t-en guerre ?

— Tu ne crois pas si bien dire, Calabre, je réponds. Car tel que tu me vois, je suis pour cette nuit capitaine de Clamecy, et je vas le défendre contre ses ennemis.

— Ses ennemis ? dirent-ils, tu n’es pas fou ? Qui donc ?

— Ceux qui brûlent, là-bas.

— Et qu’est-ce que cela peut te faire, dirent-ils, maintenant que ta maison est brûlée ? (Pour la tienne, on regrette ; tu sais, on s’est trompé.) Mais celle de Poullard, ce pendard engraissé de nos peines, ce torcoul qui se pavane avec la laine qu’il nous a sur le dos tondue, et qui, lorsqu’il nous a mis tout nus, nous méprise du haut de sa vertu ! Qui le vole, il est bien sûr d’aller tout droit au paradis. C’est pain bénit. Laisse-nous faire. Que t’importe ? Encore passe de ne point piller ! Mais l’empêcher !… Rien à perdre, tout à gagner.

Je dis (car il m’eût fait gros cœur de cogner sur ces pauvres garçons, sans avoir essayé d’abord de raisonner) :

— Tout à perdre, Calabre. Notre honneur à sauver.

— Notre honneur ! Ton honneur ! dit Gueurlu. Ça se boit-il ? Ou bien si ça se bâfre ? On sera peut-être mort demain. Que restera-t-il de nous ? Il ne restera rien. Que pensera-t-on de nous ? On ne