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aient ou non des oreilles pour épier, je réponds qu’ils n’auront de langue pour rapporter. Car quand nous sortirons, ce sera sur-le-champ afin d’exécuter l’arrêt que l’on va prendre. Et maintenant, parlez ! Qui se tait est un traître.

Ce fut un beau vacarme. Toute la haine et la peur refoulées éclataient comme des fusées. Ils criaient, en montrant le poing :

— Ce coquin de Racquin, il nous tient ! Le Judas nous a vendus, nous et nos biens. Mais que faire ! On ne peut rien. Il a la loi, il a la force, la police lui appartient.

Je dis :

— Où niche-t-il ?

— À la maison de ville. Il y gîte, jour et nuit, pour plus de sûreté, entouré d’une garde de vauriens qui le veillent, le surveillent peut-être autant qu’ils veillent sur lui.

— Bref, il est prisonnier ? Très bien, dis-je, nous allons, de ce pas, d’abord le délivrer. Gangnot, ouvre la porte !

Ils ne paraissaient pas encore bien décidés.

— Qu’est-ce qui vous arrête ?

Saulsoy dit, se grattant la tête :

— C’est une grosse affaire. On ne craint pas les coups. Mais, Breugnon, après tout, nous n’avons pas le droit. Cet homme, il est la loi. Marcher contre la loi, c’est oui-dà se charger d’une lourde…

Je dis :

—…Res-pon-sa-bi-li-té ? Eh bien, je la prends, moi. Ne t’inquiète pas. Lorsque je vois, Saulsoy, un coquin coquiner,