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Voyez comme on danse… » si tu les avais vus, peut-être qu’avec eux toi-même aurais dansé. Tu penses si le bois que tu avais à l’atelier flambait, pétaradait… Bref, on a tout brûlé !

— J’aurais voulu voir cela. Cela devait être beau, dis-je.

Et je le pensais. Mais je pensais aussi :

— Je suis mort ! Ils m’ont tué. Ceci, je me gardais de le dire à Jojot.

— Alors, ça ne te fait rien ? dit-il, l’air mécontent.

(Il m’aimait bien, le brave homme ; mais on n’est pas fâché— sacrée espèce humaine ! — de voir de temps en temps son voisin dans la peine, ne serait-ce que pour avoir le plaisir de le consoler.)

Je dis :

— Pour ce beau feu, c’est dommage qu’on n’ait pas attendu la Saint-Jean.

Je fis mine de partir.

— Et tu y vas tout de même ?

— J’y vas. Bonjour, Jojot.

— Bougre d’original !

Il fouetta son cheval.

Je marchai, ou plutôt j’avais l’air de marcher, jusqu’à ce que la voiture disparût, au détour. Je n’aurais pu faire dix pas ; les jambes m’entraient dans le ventre ; je tombai sur une borne, comme assis sur un pot.

Les moments qui suivirent furent de mauvais moments. Je n’avais plus besoin de faire le fanfaron. Je pouvais être malheureux, malheureux, tout mon soûl. Je ne m’en privai point. Je pensais :

— «