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diable passent les jours ? Je ne suis pas heureusement comme Tite, ce fainéant, ce Romain qui geignait toujours qu’il avait perdu son temps. Je ne perds rien, je suis content de ma journée, je l’ai gagnée. Seulement, il m’en faudrait deux, deux chaque jour ; je n’en ai pas pour mon argent. À peine je commence à boire, mon verre est vide ; il est fêlé ! Je connais d’autres gens qui sirotent le leur, ils n’en finissent point. Est-ce que par hasard ils ont un plus grand verre ? Parbleu, ce serait là injustice criante. Hé ! là-haut, l’aubergiste à l’enseigne du Soleil, toi qui verses le jour, fais-moi bonne mesure !… Mais non, béni sois-tu, mon Dieu, qui m’a donné de m’en aller toujours de table avec la faim et d’aimer tant le jour (la nuit est aussi bonne) que de l’une et de l’autre je n’ai jamais assez !… Comme tu fuis, avril ! Si tôt finie, journée !… N’importe ! J’ai bien joui de vous, je vous ai eus, et je vous ai tenus. Et j’ai baisé tes seins menus, pucelette maigrelette, fille gracile du printemps… Et maintenant, à toi ! Bonjour, la nuit ! Je te prends. Chacune à son tour ! Nous allons coucher ensemble… Ah ! sacrebleu, mais entre nous, une autre aussi sera couchée… Ma vieille rentre…