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affable, et sans l’entendre, à chaque révérence répondait poliment par une révérence, sans perdre une goulée, et semblait dire : « Allez, ma fille, absolvo te. Tous vos péchés vous sont remis. Car Dieu est bon. J’ai bien dîné. Car Dieu est bon. Et ce boudin noir est très bon. »

Un peu plus loin, notre notaire, maître Pierre Delavau, qui traitait un de ses confrères, parlait d’écus, de la vertu, d’argent, de politique, de contrats, de république… romaine (il est républicain, en vers latins ; mais dans la vie, prudent bourgeois, il est bon serviteur du roi).

Puis, au fond, mon œil vagabond dénicha Perrin le Queux, en biaude[5] bleue, raide empesée, Perrin de Corvol-l’Orgueilleux, dont le regard au même instant se rencontrant avec le mien, il s’exclama, il se leva et m’appela. Je jurais qu’il m’avait vu, dès le début ; mais le matois se tenait coi, car il me doit deux armoires en beau noyer, depuis deux ans, que j’ai taillées. Il vint à moi, m’offrit un verre :

— Tout mon cœur, mon cœur vous salue[6]…

…M’en offrit deux :

— « Pour marcher droit, sur les deux jambes marcher l’on doit… »

…Me proposa de prendre part à son repas. Il espérait qu’ayant dîné, je dirais non. Je l’attrapai : car je dis oui. Sur ma créance, autant de pris.