les premières notes, — les longues tenues du violoncelle, que suivent celles de l’alto, puis du second et du premier violon (mi bémol-ré bémol-si bémol-ré-bémol-si bémol-mi bémol) — mystérieusement flottant dans le silence pp., avant d’établir la tonalité maîtresse en la bémol — est créée une atmosphère de recueillement. S’ouvre la grande Contemplation… On se redit les paroles de Beethoven… « Assis pendant des heures… Mes sens se baignent dans le spectacle de la création infinie de la Nature… Par un travail opiniâtre avec les forces qui lui sont prêtées, la créature honore le Créateur[1]… »
Il aurait pu écrire, au front de l’œuvre, comme les vieux maîtres : « Soli Deo gloria. » C’est une prière, la plus aimante, la plus confiante, qui fait don de soi, avec reconnaissance et humilité. Rien ne vient troubler ni interrompre le balancement harmonieux de ce beau flot, aux calmes voix, tantôt unies, tantôt alternées. Rien, qu’à l’avant-dernière mesure (mes. 19), la suave âpreté d’une harmonie, qui semble exprimer le tendre dépit de la créature, reconnaissant son impuissance à exprimer son adoration[2].