tances où il fut écrit ajoutent à sa compréhension ! Comme s’éclaire le monologue soucieux et oppressé, qui forme l’introduction, — le premier[1] de ces monologues poignants qui formeront les porches des derniers quatuors ! Ils ne sont pas surajoutés ; ils font corps avec l’édifice ; et même quand leur sentiment contraste avec ce qui suit, ils le commandent. Ils sont comme la question posée, à laquelle l’allegro suivant répondra.
Notons l’atmosphère de mi bémol, dans laquelle s’ouvre et se ferme le quatuor. Elle est celle de toutes les grandes œuvres de cette année, — du splendide Concerto pour piano op. 73, écrit, Dieu merci ! avant la catastrophe[2], — et la Sonate des Adieux, op. 81 a. C’est la couleur de son âme, claire et fière : on se l’explique pour la période qui précédait le désastre, et où il écrivait des chants de victoire[3]. On le comprend moins, dans les longs mois de prostration fiévreuse qui ont suivi. C’est donc que s’est maintenue, dans cette nuit, par une exaltation mystique, la pure lumière de l’au-delà des troupeaux humains et de leurs combats.
- ↑ En fait, c’est la deuxième fois dans son œuvre qu’il fait usage d’une introduction à un quatuor, au lieu d’entrer, comme l’y porte son tempérament, « in medias res », en pleine action. — La première fois, c’était pour le quatuor en ut majeur op. 59 no 3. Mais l’introduction n’avait pas encore là sa pleine signification de grave débat avec soi-même, qui s’interroge avant de s’engager dans le drame intérieur. Elle est seulement un clair-obscur, d’où se dégage, comme d’une brume matinale, la décision du vif allegro.
- ↑ Le triomphal premier morceau, du moins, était achevé. Le séraphique adagio était seulement en esquisses. Il flottait dans la pensée de Beethoven, pendant les tragiques journées de l’invasion.
- ↑ « Auf die Schlacht Jubelgesang ! — Angriff — Sieg » Esquisses de mars-avril 1809. (Cf. Zw. Beethoveniana, p. 262). — La page d’après, c’est la catastrophe : l’esquisse des Adieux de la Sonate !