dédié, deux mois avant, il lui recommande de le garder poui lui, sans le montrer : — « car je l’ai beaucoup transformé, je sais enfin maintenant écrire bien les quatuors. » (« indem ich erst jetzt recht Quartetten zu schreiben weiss. » )
Pour aucune autre sorte d’œuvres, Beethoven ne s’exerça avec une aussi patiente ténacité, dans le silence, — et cela, à une époque où il était jeune, fêté, et prodiguait les œuvres faciles et brillantes. Il avait mis en partition des quatuors de Haydn, des morceaux de Mozart, et étudié Fôrster. Pendant deux ans, il avait jeté des esquisses nombreuses, dont Nottebohm a retrouvé et publié une partie[1] ; et il les remit sans relâche sur le métier, en s’appliquant à oublier l’écriture de clavier, pour penser l’œuvre dans la langue propre de chacun des instruments à cordes ; — on le voit par la comparaison entre la version définitive et « le premier état », quand nous avons la chance d’avoir pu conserver celui-ci, (comme dans le cas du manuscrit envoyé à Amenda), malgré la volonté que Beethoven avait affirmée de faire disparaître ces premiers jets.
Ce n’est point ici le lieu de procéder à l’analyse minutieuse de cet imposant groupe de six quatuors, op. 18[2], — qui semblait devoir, dans la pensée de Beethoven, faire pendant
- ↑ Seul, le beau quatuor no 4 en ut mineur n’a pas laissé d’esquisses. Mais Riemann a fait remarquer l’identité du premier morceau avec un curieux « Duett für obligate Augengläser », où il a pu prendre sa source.
- ↑ Rappelons seulement que l’ordre adopté pour l’impression ne correspond pas à celui de la création. Le 1er quatuor avait été le no 3 en ré majeur (1798) ; puis, vinrent les nos 1 en fa majeur (qui fut ensuite remanié), presque aussitôt après le no 2 en sol majeur, ensuite le no 5 en la majeur, le no 6 en si bémol ; enfin, le no 4 en ut mineur. — Ils furent publiés en deux livraisons, l’une qui parut en été 1801, l’autre en automne de la même année.
