reste ses goûts d’alors pour la vie gaie et la société. Ajoutez que celui qui allait être, peu d’années après, frappé de la plus affreuse malédiction, jusqu’aux racines de son ouïe, jouissait, avant la catastrophe, d’une finesse d’oreille exceptionnelle[1]. Il goûtait le riant parterre bigarré des sons des bois et des cors mêlés à ceux des cordes. Lui, qui devait renoncer par la suite à cette riche et plaisante variété, il s’amusait alors à ces bouquets de sonorités[2].
Aussi ne fut-il nullement pressé, quand, en 1795, le comte Apponyi lui commanda un quatuor. Wegeler nous dit que, par deux fois, il se mit à l’œuvre, et qu’il en sortit, la première fois, un trio à cordes (l’op. 3) et, la seconde, un quintette à cordes (l’op. 4) — lui-même réadapté d’un octette originellement écrit pour instruments à vent. Beethoven se faisait la main, en s’attardant à la musique de divertissement (les charmants trios pour pianoforte, violon et violoncelle, op. 1 (1795) et la vive et spirituelle Sérénade, op. 8 (1797).
Pourtant, son impétueuse personnalité, dont l’originalité heurtait ses angles à la société viennoise, commençait à exiger ses droits. C’est dans ses sonates pour piano qu’il mettait le plus libre de ses passions et de ses pensées : Die Verliebte, op. 7 (1797) ; le grandiose largo e mesto de l’op. 10,
- ↑ « Un sens que je possédais à la plus haute perfection, à une perfection, comme peu d’artistes de ma profession certainement l’ont possédé et le possèdent… » (Testament d’Heiligenstadt, 6 octobre 1802).
- ↑ Le catalogue de ses œuvres écrites à Vienne avant 1800 comprend quantité de Concertos, trios, quintettes, sextuors, sonates, variations morceaux divers, pour hautbois, clarinettes, flûtes, cors, bassons trompettes, harpes, voire mandoline, etc., combinés et mariés ensemble, de la façon la plus diverse. Schiedermair cite quelques exemples d’un ravissant allegro et menuet pour deux flûtes.
