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BEETHOVEN

Les six premiers, op. 18, parus en 1801 ;

les trois quatuors Rasoumovsky, op. 59, parus en 1808 ; — et, se rattachant à la constellation, astres attardés, les deux quatuors isolés : op. 74, écrit en 1809, paru en 1810 ; — op. 95, écrit en 1810, paru seulement en 1816 ;

les cinq quatuors de la fin, qui comprennent les trois quatuors Galitzin, op. 127, op. 130, op. 132, et les op. 131 et 135, — tous composés entre 1823 et 1826.

La première remarque qui s’impose est qu’ils jalonnent les trois époques principales de la création : — le clair matin du jeune génie, qui rivalise avec les maîtres, dont son adolescence a subi le rayonnement ; — le roi midi de la maturité triomphante, en possession de sa pleine puissance symphonique ; — le soir de la vie, qui se recueille et qui médite, riche de ses expériences, de ses victoires, de ses défaites aussi, et de leur miel âpre et parfumé façonnant ses rêves qui, par delà les hommes, s’entretiennent avec les forces invisibles. — Ils ne sont pas les seules œuvres qui caractérisent ces trois moments, mais ils en concentrent la substance, ils en condensent les sucs les plus purs.

La seconde remarque est que, quand Beethoven se décida à publier le premier groupe de ces quatuors, il avait trente ans passés. Il fut longtemps avant d’oser. Il avait pourtant écrit près de vingt sonates, parmi lesquelles la Pathétique, deux concertos, des trios, des quintettes, la Sérénade ; et la Première Symphonie venait d’être exécutée. Il attendait, il méditait. Il savait que le quatuor était une affaire sérieuse.

Pour dire le vrai, quand il était enfant, à Bonn, il avait écrit déjà « Trois quatuors par (sic) le clavecin, violino, viola è basso, 1785, composé par Luis van Beethoven