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BEETHOVEN

Beethoven n’est agité par aucune passion ; et pas une ombre de mélancolie. Cette phrase m’évoque la rondeur cordiale de Haendel, en certains de ses Concerti grossi. Et cette impression de confortable tranquillité est confirmée par la marche bien calée sur ses pieds, quoique rythmée à contretemps, des mesures 10-14, qui complète le premier motif. Dans une œuvre aussi dénuée (ou libérée — comme on voudra !) de l’emprise d’une grande passion, d’une idée fixe, à la différence de la plupart des autres œuvres de Beethoven, j’estime que le plus intéressant est de cueillir en un petit bouquet les fioretti, les brefs dessins et, moins encore, les légers traits de crayon, qui ont constitué la trame du morceau et l’atmosphère morale où butinait l’esprit sans soucis. Ce sont parfois de petits fragments imperceptibles, une inflexion de voix, deux petites notes d’ornement, la chute brusque d’une triple croche :

[partition à transcrire]

Le moindre souffle de l’humour, un plissement de lèvres, un clignement d’yeux, peut, dans cette flânerie de l’esprit, devenir, pour le pinceau qui joue, un des motifs du tableau.

Les petites notes se retrouveront, multipliées, dans la Coda, en de petits vols qui descendent, de branche en branche :

[partition à transcrire]