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LES DERNIERS QUATUORS

si divisés qu’on a pu parler d’« atomes » de motifs : une telle facture, si minutieuse, ne s’accommoderait pas d’une grande fresque. Aussi a-t-elle commandé les dimensions réduites du cadre, et, par un effet de contrebalancement instinctif à l’extrême division de la touche, l’établissement presque classique du développement, dans l’architecture habituelle du type sonate, avec Durchführung peu développée, Reprise régulière et Coda. Bref, un tableau de chevalet, peint dans un style bien différent du précédent quatuor (ut dièze mineur), dont le finale brise les cadres de la musique de chambre, et appelle l’orchestre, — mais traité par un maître-artiste, qui, dans les jeux de sa technique, cherche sa propre délectation.

Le motif initial (ou plutôt l’avant-motif, comme c’est la marche naturelle de l’esprit de Beethoven, qui, dirait-on, a besoin d’un mot venu du dehors, question ou ordre, pour engager le colloque) est nettement, à l’alto, une plaisante interrogation, dont la malice, déjà soulignée par les petites notes du premier temps et la triple croche du second, Test plus encore par la facétieuse répétition, au premier violon, pp. la première fois, sf. impatient, la seconde fois :

[partition à transcrire]

La réponse qui vient, en s’échelonnant, de voix en voix, et constitue le vrai motif, ou, si l’on veut, (cela n’importe guère, car tout se tient chez Beethoven), la seconde moitié du premier motif, est d’une parfaite bonhomie. Certes,

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