a caractéristique du premier morceau allegretto est.
au contraire de toutes les grandes œuvres précédentes,
la multiplicité et l’émiettement des motifs. Il n’en est
aucun qui domine et conduise l’action, selon l’esprit volontaire
et logique du constructeur. Beethoven a donné congé
à son tyran raisonneur. On a, assez finement, rapproché ces
vacances de l’esprit de celles de la Huitième Symphonie, —
elle aussi en fa majeur[1].
Que l’on compte, comme Th. Helm, neuf motifs dans le seul exposé du premier morceau, — ou, comme Vincent d’Indy, préoccupé de sauvegarder la correction classique du maître indiscipliné, qu’on les nomme « éléments distincts » d’un même thème[2], — le propre de cet allegretto est d’être peint, par petites touches, avec une poussière, fine et brillante, de motifs fragmentaires, parfois réduits à deux notes,
- ↑ Le choix des tonalités n’est nullement indifférent, chez Beethoven.
Au xviiie siècle, il était déterminé, selon des règles d’expression
rationalisée. Beethoven avait révisé ces règles, mais il en avait établi
d’autres, à son usage ; et ce problème de la caractéristique des tonalités
l’a occupé, jusqu’à sa mort. D’après ses propos à Schindler, le fa majeur
exprimait en général « ländliche Ruhe », le pastoral et le repos dans la
nature. Dans tous les cas, c’était une atmosphère détendue. — Cf. Hans
Boettcher : Beethoven als Liederkomponist, qui publie une abondante
bibliographie des théoriciens de la Tonartencharakteristik, au
xviiie siècle : Mattheson, L. Mizler, Kirnberger, Quantz, J. G. Sulzer,
A. Chr. Koch, J. J. von Heinse, Chr. F. D. Schubart (a), dont
Beethoven possédait les écrits et approuvait les idées, tout en y
apportant des modifications.
a) Ideen zu einer Æsthetik der Tonkunst, 1806, Vienne.
- ↑ Riemann, plus acharné encore à ligoter la multiplicité de l’esprit dans la camisole de force de l’unité rationaliste, découvre, sous les formes les plus éloignées, des variations du premier thème.