e quatuor en fa était donc un tout complet en trois
mouvements : le premier, le scherzo, et la fin, — un
bibelot d’art, finement ciselé, et de dimensions très
réduites. Mais la fin, avec son titre énigmatique : Der schwer
gefasste Entschluss (« La résolution difficilement prise »), et
sa question fatidique : « Muss es sein ? — Es muss sein ! » lui a
prêté, chez les esprits badauds de mystères, l’attrait d’une
énigme, le sérieux d’un débat métaphysique, qui a fait
ombre sur sa gaie humeur. On ne peut nier que, (sinon la
question mystérieuse), du moins la réponse : « Es muss
sein ! » n’ait préexisté au quatuor, — s’il faut en croire (et
je ne vois aucun moyen d’en douter) le récit qu’en a fait
Holz[1]. Mais elle n’avait alors rien de pathétique : c’était
une saillie d’humour burlesque. Dans les Cahiers de Conversations,
Holz, rendant compte de la première exécution
du quatuor en si bémol, dont les recettes avaient déçu
l’attente de Beethoven, parlait d’un riche Viennois, le
Hofkriegsagent Dembscher, qui ne s’était pas donné la
peine de se déranger, ni d’envoyer le prix de sa place,
et qui affirmait avec désinvolture qu’il se ferait jouer le
quatuor chez lui, quand il voudrait ; il se faisait fort
d’en obtenir le manuscrit de Beethoven. Beethoven s’emporta
contre le pingre et son sans-gêne. Il répondit par
un billet, confié à Holz, qu’il ne prêterait le manuscrit
qu’après que Dembscher aurait déboursé 50 florins, en
- ↑ Il n’y a pas lieu de tenir compte du récit de Schindler, et de son histoire de la cuisinière qui vient réclamer l’argent de sa semaine. Schindler était alors disgracié, et son témoignage est sans valeur, pour les mois où on le tenait hors de la maison. Holz avait pris sa place.