u’en était-il dans la réalité ? Nous avons dit que le
quatuor s’achevait, quelques jours avant une catastrophe
domestique : le suicide du fils adoptif. Et
tous ces mois qui avaient précédé, pendant la composition
du quatuor, étaient bouleversés par une succession de
scènes orageuses, où s’annonçait, se faisait craindre l’acte
dément du jeune déséquilibré. Par quelles secousses avait
dû passer le cœur de Beethoven ?…
Et cependant…
Et cependant, non seulement l’étoffe du quatuor n’en a pas été entamée, et la création a suivi ses lois, sans se troubler des ressauts désordonnés du dehors ; — mais, nous le verrons, se produisait au centre de l’esprit un étrange détachement. On ne l’a point dit. Il vaut la peine d’exposer, en raccourci, la suite des faits.
Il faut d’abord reprendre, en résumé, l’histoire du neveu. Elle a besoin d’être révisée. Car on a jugé, avant d’avoir examiné les pièces du procès. Le jugement était rendu d’avance contre le neveu. Je n’ai pas moi-même été indulgent… Convenons-en, le pauvre garçon a durement pâti d’appartenir à un tel oncle ! On voit toujours le mal qu’il a fait à l’oncle ; on ne voit pas le mal que l’oncle lui a fait. Et il a renoncé à se défendre. Que pouvait-il, seul, obscur,
entraîné sur la pente fausse de Wagner, Th. Helm, appelle « dithyrambisch entzückt » (ravi, enchanté…) !